De la vente concomitante de médicaments, qui l’aurait cru ?

Pourtant, le phénomène existe bel et bien. Et c’est le directeur de la santé Pr Abbès Ziri qui a mis le doigt aujourd’hui sur ce mal lors de son intervention à l’ouverture des 7èmes journées de la pharmacie qui se tiennent au CHU Nédir de Tizi-Ouzou. Les grossistes et les distributeurs de médicaments sont avertis car cette pratique peut conduire à la fermeture de leur commerce et la radiation de leurs registres de commerces avec des peines de prison.
Qui l’aurait cru ? On croyait naïvement que la vente concomitante ne pouvait toucher que les produits de consommation et autres matériel. Tout le monde se souvient du fameux marché de dupe des années 80 lorsque, pour un kilo de poids-chiches, le citoyen devait acheter sans savoir quoi en faire, une paire de serre-joints. Mais le malheur de ce peuple ne s’arrêtera hélas pas là mais le mal va atteindre le produit intimement lié à sa santé et sa vie, les médicaments.
 

Par La rédaction de Tiwizi info

L’Algérie deuxième exportateur d’étudiants après le Maroc

Le nombre d’étudiants étrangers en France a augmenté de 4,5%  par rapport à l’année passée. Les africains arrivent en pole position avec 46% devant les autres pays européens avec seulement 25%. Cependant, à signaler que parmi les africains, les algériens avec  30 521 étudiants arrivent en deuxième position derrière les marocains qui sont 39 855 à rejoindre les universités françaises cette année. Les chiffres émane de Campus France repris par Le Monde.
En fait, dans ces statistiques, ce n’e sont ni le nombre d’étudiant ni le classement des pays. Ce qui attire l’attention, c’est plutôt les conditions d’accès à ses études en France. A voir les bousculades et les queues honteuses des étudiants algériens devant le consulat français à Alger on croirait que l’Algérie envoie le plus grand nombre de ses enfants dans l’Hexagone.  Finalement, selon les chiffres donnés par  Campus France indiquent clairement que nos frères marocains sont de loin plus nombreux à s’y rendre mais sans ces bousculades.
Les conditions d’accès aux études en France ne sont dégradantes que pour les étudiants algériens. Avant de pouvoir partir, le jeune étudiant de Kabylie et d’autres régions d’Algérie doit dormir devant le consulat comme un clochard et moisir dans la queue. Il faut bien une réponse à ce constat qui se poursuit avec la nouvelle procédure de rendez-par Internet.
Autre constat qui nous intéresse plus que les classements, c’est le nombre de plus en plus grand des étudiantes qui partent en France pour des études. Le phénomène explose cette année en Kabylie même si les statistiques de Campus France  ne le mentionnent pas. Les chaînes et le nombre de filles devant les cybercafés pour obtenir l’inscription indiquent suffisamment sur l’étendue du phénomène.
 
Les Algériens passent devant les Chinois (3e, avec 30 071 étudiants) mais ils sont devancés par les Marocains (1ers, avec 39 855 étudiants). Les Tunisiens arrivent en cinquième position, avec 12 842 étudiants inscrits en France pour la saison 2018-1019.
Au total, 46 % des étudiants internationaux viennent d’Afrique, 25 % d’Europe, 16 % d’Océanie, 9 % du continent américain et 4 % du Moyen-Orient, selon la même source.
« A l’université, les étudiants étrangers continuent de privilégier les filières sciences et médecine pour 37 % d’entre eux. Suivent les lettres, langues et sciences humaines et sociales pour 32 %, puis l’économie et la gestion (20 %), enfin le droit et les sciences politiques (12 %) », ajoute-t-elle.

Pays Nombre d’étudiants
1 MAROC 39 855
2 ALGERIE 30 521
3 CHINE 30 071
4 Italie 13 341
5 Tunisie 12 842
  • A

 

Par La rédaction de Tiwizi info

Macron va habiller la JSK

Macron va habiller la JSK
C’est officiel. L’équipementier italien Macron est officiellement l’habilleur de la JSK après la signature d’un contrat de sponsoring avec le président Cherif Mellal ce mercredi. Cette marque créée en 1971 et qui a commencé à produire des vêtements de sport est vite devenu un géant mondial qui habille les plus grandes équipes. Du Rugby au baseball, l’équipementier italien s’est déployé dans tout les continent y compris en Afrique et en Algérie.
La venue de ce géant italien est signe d’un retour de confiance en la JSK et surtout de son président Cherif Mellal. Depuis son arrivée, les sponsors se bousculent pour voir leurs sigles sur les maillots des canaris. Le sérieux et le professionnalisme de la nouvelle gestion est derrière de la remontée de la cote de la JSK.
Le contrat signé porte donc sur une saison. Macro va habiller les canaris pour le reste de la compétition mais tout porte à croire que les contrats signés avec Cosider, Cévital et Macron va être revus plus long terme car les canaris visent déjà à jouer les compétitions internationales, à partir de la saison prochaine.  Les petits sponsors se comptent eux par dizaines.
Toutefois, Mellal devra encore continuer à gérer la carrière de ses joueurs qui continuent de lui causer des tracs à l’instar de Lyes Benyoucef. Pour se faire, ce dernier devra améliorer la communication de son club en la professionnalisant. La dernière gaffe est le refus de communiqué suite à l’arrestation de son joueur par la police des frontières à l’aéroport Houari Boumediene. Justifiant cet incident par le cumul de contraventions pour conduite sans permis, la direction du club s’est fourvoyée dans des contradictions qui ont vite alimentée les rumeurs les plus folles. La ficelle est trop visible parce que la police ne va tout de même pas attendre un joueur à l’aéroport avec un mandat d’arrêt alors qu’il est chaque soir au stade du 1er novembre pour ses entraînements. Puis, même si on admet que ce soit vrai, il y a vraiment à s’interroger sur ce comportement d’un joueur de la JSK qui conduit sans permis mettant à mal toute la philosophie de Cherif Mellal basée sur le sérieux et la bonne conduite. Il est certain que Mellal ne va pas se taire sur cette affaire qui risque d’avoir de fâcheuses répercussions sur ce joueurs dont le comportement semble ne pas cadrer avec la vision globale de l’équipe kabyle.

Par La rédaction de Tiwizi info

A qui appartient l'espace public ?

A qui appartient l’espace public? Lorsque j’ai vu cette image devant moi  sur un chemin dans la ville de Draa Ben Khedda, j’ai senti un dégoût que vous ne pouvez pas imaginer. A quel degré de misère sont descendus certaines personnes. j’ai vu toute sorte d’immondices jetées dans l’espace public mais c’est la première fois que je vois du couscous avec la sauce et des olives cuites jetées sur le chemin comme ça. je suis dégoûté qu’on en arrive là. Ma foi, il faut vraiment régler la question de l’espace public et de l’espace privé dans la tête des algériens
vous aurez sans doute tous remarqué que les gens veillent tous  à la propreté de l’intérieur de leurs maisons, tout qui brille, mais ces même personnes jettent n’importe où leurs sachets de poubelles sans se soucier de la propreté de l’espace public. ça pue de partout. A mon avis, je suis de plus en plus convaincu que la solution ne viendra qu’une fois cette question de l’appartenance de l’espace public et réglée dans nos têtes. Est-ce que ce qui collectif appartient à tout un chacun ou il n’appartient à personne? Pour le moment, l’état des lieux semble pencher vers la deuxième et la solution ne viendra que si on arrive à percevoir l’espace public avec la première. Je voudrais tellement lancer un vrai débat sur la question parce que les autorités ne semblent pas vouloir régler la question dans le fond.

Par La rédaction de Tiwizi info

Décès de Djamel Allam aujourd’hui à Paris

Décès de Djamel Allam aujourd’hui à Paris
Le grand chanteur kabyle Djamel Allam tire sa révérence. Il est décdé ce matin du 15  septembre à Paris après un long combat avec la maladie. Parti àl ‘âge de 71 ans, Djamel Allam a laissé à la chanson kabyle un trésor de musique et de poésie.  Il est l’un des artistes kabyle et algérien qui ont fait le plus grand nombre de scènes à travers le monde. Nous yreviendons.

Par La rédaction de Tiwizi info

Interview avec le haut responsable à la coopération industrielle franco-algérienne

Les investisseurs de la wilaya de Tizi-Ouzou ont tout à gagner dans la démarche actuelle de Jean-Louis Levet, Haut responsable à la coopération industrielle Franco-algérienne. Il est avant tout porteur d’une nouvelle approche basée sur la co-innovation. « Nous sommes deux pays géographiquement situés face-à-face mais appelés à travailler cote-à-cote » Aime-t-il à dire. Présent à Tizi-Ouzou en mission d’établir des ponts entre les investisseurs locaux et les investisseurs français, Jean-Louis Levet a aimablement accepté de répondre aux questions d tiwiziinfo.com.
Tiwiziinfo.com : Vous revenez à Tizi-Ouzou après quelques mois de votre précédent passage. Où en êtes vous, concernant précisément Tizi-Ouzou, dans votre entreprise de construire des partenariats ?
Jean-Louis Levet : En Algérie, au cours de mes nombreuses missions, je découvre des territoires en mouvement, dont les acteurs  socio-économiques s’investissent dans leur développement. Que ce soit tout au long des côtes algériennes, dans  l’arrière-pays, sur les  Hauts Plateaux, ou encore dans les territoires du Sud. Et en particulier dans la Wilaya de Tizi-Ouzou, où le tissu d’entreprises est très dense, la culture et la pratique entrepreneuriale sont, là-aussi,  réelles. J’ai pu m’en rendre compte très concrètement, lors de la rencontre et de la visite de 7 entreprises le 23 mai dernier. Des entreprises présentes dans des activités très diverses, petites et grandes : agro-alimentaire, équipements agricoles, électronique pour le bâtiment, textile-habillement, transformation plastiques pour l’automobile, briqueterie, ou encore un établissement hospitalier spécialisé. Des dirigeants engagés, des équipes faisant corps avec leurs entreprises.
Je pourrais aussi citer l’artisanat, une grande richesse de votre région. Au cours de ma première venue en février dernier,  j’ai pu ainsi rencontrer, au sein de la Maison de la Culture, des artisanes et des artisans passionnés par leurs métiers, et concevant et produisant des produits de grande qualité, que ce soit  dans les domaines de la vannerie, de la bijouterie, de la poterie ou encore de  l’habit traditionnel. Des femmes et des hommes de toutes les générations, permettant ainsi une transmission des savoir-faire et leurs évolutions.
C’est donc à partir d’une connaissance des entreprises, de l’Université, des organismes d’intermédiation avec le monde de l’entreprise, qu’il est possible, dans une seconde étape, de définir avec eux  des axes possibles de coopération, puis des projets, en partant des attentes, des besoins, des compétences du territoire. Et bien sûr en relation étroite avec les autorités territoriales,  et en particulier le Wali et le ministère de l’industrie. Nous avons, ensemble, engager un processus collectif de travail. C’est un point fondamental, si nous voulons travailler dans la durée, et avec efficacité.
Tiwiziinfo.com :  Quelle(s) lecture(s) faites-vous des principales interventions des chercheurs et des jeunes investisseurs lors des débats qui ont suivi votre conférence d’aujourd’hui?
J’ai eu l’honneur d’intervenir dans ce très bel amphi de l’Université de Tizi-Ouzou, à l’invitation de Monsieur le Recteur, Ahmed Tessa. La première chose qui m’a marquée, est le fait que les immenses murs de cet amphi semi-circulaire, étaient couverts de représentations de grands scientifiques (Einstein, Marie Curie, Freud, etc). Rappeler ainsi l’universalité de la science, et du progrès scientifique au service de la Société, m’a vraiment touché, a fortiori pour moi, qui suis de formation universitaire. Ensuite la présence d’étudiantes et d’étudiants, de doctorants, de responsables et membres des différents laboratoires de recherche de l’Université, et de nombreux entrepreneurs de la région.
Une grande attention, une grande tenue, des interventions claires, pertinentes, révélant ainsi la qualité des chercheurs, de leurs travaux, de leurs réussites, des problèmes qu’ils rencontrent, des projets de coopération avec des collègues de diverses universités et organismes de recherche français. Les liens sont là, à la fois professionnels et très cordiaux. Et des projets en devenir, et donc un fort potentiel de coopérations à co-construire pour demain.
Et aussi des entrepreneurs,  de toute génération, souhaitant développer des coopérations dans des domaines très variés ; nous avons parlé aquaculture, transformation des massifs forrestiers, agroécologie, construction navale, nouveaux matériaux,  développement d’incubateurs dans les énergies renouvelables, création de start-ups en matière de robotique, d’électronique avec de jeunes chercheures et chercheurs, etc. Donc de quoi faire !
Tiwiziinfo.com :  Il se dégageait clairement un grand engouement chez les investisseurs locaux et les chercheurs de l’université de Tizi-Ouzou pour des partenariats avec la partie française. Qu’en est-il du coté français ?
Tout d’abord, des opérateurs français continuent d’investir dans la Wilaya ; pour parler du présent et du futur, le groupe français Schneider Electric, va créer à Tizi-Ouzou, un centre d’excellence, de formation aux métiers des automatismes industriels, des composants déterminants pour accroître la performance des flux de production et l’efficacité des sites de production. Ce sont des dizaines de jeunes qui en bénéficieront, et sur des équipements du groupe français. Citons aussi l’entreprise OXO, implantée à Cluny, près de Lyon, spécialisée dans le domaine de l’extrusion du profité PVC et l’assemblage des fenêtres et portes fenêtres en PVC à hautes performances thermiques. Rachetée par le groupe Cevital en 2013, qui a construit un premier site de production à BBA et un autre qui verra le jour à Tizi-Ouzou. La question du foncier est déjà je crois réglée.
Avec le processus de travail que nous sommes en train de construire, il nous sera possible ensuite dans un second temps de mobiliser des entreprises, des universités, des collectivités territoriales françaises. Dans cette perspective, un comité de pilotage a été mis sur pied. Il réunit, sous l’autorité du Wali et présidé par le directeur du ministère de l’industrie, l’ensemble des organismes en relation avec le monde de l’entreprise, et l’Université. Sa mission est de susciter et d’accompagner de nouvelles dynamiques de coopération économique algéro-française dans la Wilaya de Tizi-Ouzou.
Une enquête a déjà été réalisée ces derniers mois, auprès du tissu d’entreprises locales et 122 responsables d’entreprises ont répondu. Les domaines de coopération souhaités sont respectivement : le développement de produits, l’assistance technique et la formation, et l’exportation.
Il s’ agit maintenant, tout en élargissant cette enquête et en réunissant ces entreprises par domaines d’activité par le ministère de l’industrie de la Wilaya d’ici l’été, de préparer avant la fin de l’année, une Journée de la coopération algéro-française territorialisée, en partant du travail accompli, et en mobilisant côté français des collectivités territoriales (je pense par exemple à la Roche-sur Yon, jumelée avec la ville de Tizi-Ouzou, et où de nombreuses PME sont présentes), des entreprises françaises, des universités (à commencer par celles avec lesquelles travaille déjà l’Université de Tizi-Ouzou). Si nous pouvons mettre à profit cette Journée pour finaliser des accords de coopération entre entreprises des deux pays, ce serait très bien.
Tiwiziinfo.com :  Les interventions laissaient transparaître que c’est la confiance et l’expertise qui attirent les partenaires locaux vers la partie française. Qu’en pensez-vous, M. Levet ?
Nous savons toutes et tous, qu’une coopération dans la durée ne peut se construire que dans la confiance. Mobiliser les compétences de part et d’autre en constitue un autre facteur clé de succès.
Tiwiziinfo.com :  Lorsque vous dItes Co-innovation, vous touchez à la fibre sensible des chercheurs et autres porteurs d’idées. Nos créanciers financent rarement les idées. Est-ce que (et comment selon vous) ce partenariat peut combler cette faille ?
Précisément, comme je l’évoquais précédemment, dans le cadre de ma Mission (qui elle-même s’inscrit dans le cadre de la « Déclaration de coopération et d’amitié », signée en décembre 2012 par nos présidents respectifs) , je milite pour des stratégies et des coopérations industrielles, technologiques, de co-innovation.
C’est en innovant ensemble entre universités, entre entreprises et entre universités et entreprises, que la coopération entre nos deux pays prend tout son sens.  Si nous sommes géographiquement face à face, nous devons travailler, créer, innover, côte à côte.

Par La rédaction de Tiwizi info

Les produits du terroir de Kabylie ont besoin d’un laboratoire de certification

La diaspora peut-elle se charger de son importation
L’huile d’olive, la figue, la grenadine, la vigne, la figue de barbarie et beaucoup d’autres produits de l’agriculture locale peuvent être exportés à partir de Tizi-Ouzou. Le produit du terroir est un gisement d’argent pour les villages de toute la Kabylie. Ils pourraient même constituer une véritable vocation agricole en parfaite harmonie avec l’activité du tourisme. Mais hélas, le passage à la commercialisation passe obligatoirement par l’organisation de ces filières et surtout l’existence d’un laboratoire de certification. Deux conditions qui n’existent pas encore.
Pour illustrer ce problème épineux, on peut citer le cas de l’huile d’olive de Kabylie. Le but est de sensibiliser les concernés et surtout de lancer un débat parmi nos lecteurs pour de nouvelles idées qui permettent de trouver des solutions et impulser une nouvelle dynamique dans ce gisement en or mais qui restent inexploités.
En effet, la norme internationale de commercialisation d’huile d’olive imposée par le COI (Comité Internationale d’Olive) est de 0,1 à 1%. Mais l’huile d’olive de Kabylie dépasse en général de loin ce taux d’acidité. A l’international, notre huile est considérée comme lampante bien que sa notoriété en Algérie est incontestable. Pour baisser ce taux d’acidité, les services de l’agriculture font beaucoup d’efforts sur le terrain mais sans parvenir à cause d’obstacles souvent d’ordre sociologique et technique.
En effet, la nature foncière de la terre caractérisée par un fort morcellement fait que chaque famille possède quelques oliviers. Un phénomène qui rend le travail de sensibilisation des techniciens très difficile. Les conditions de récoltes et de stockage sont derrière ce taux d’acidité élevé mais les campagnes de sensibilisation ne réussissent pas à cause de ce trait de la sociologie locale.
Toutefois, le plus grand obstacle reste l’absence de laboratoire de certification qui permettra de labelliser des produits. Cette technologie peut être acquise de diverses manières. La première est d’attendre que l’Etat dote la wilaya de ce laboratoire, la seconde est que les professionnels s’organisent pour l’importer de leur propres moyens et enfin faire appel à la collaboration de la diaspora nationale et Kabyle pour participer à l’achat de cette technologie. C’est aussi une manière pour nos émigrés d’investir dans leur pays dans une approche gagnant-gagnant.

Par La rédaction de Tiwizi info

Procédés et matériaux de construction de la maison kabyle ancienne 

 « Nos ancêtres les Amazighs Kabyles ont légué, TAZEQA, la maison kabyle traditionnelle, une maison de paysans paisibles vivant en harmonie avec la nature. Bien qu’elle n’ait pas le confort d’une habitation moderne, elle est la preuve du génie créatif de nos ancêtres. L’architecture traditionnelle Kabyle est le résultat de l’incroyable alliance entre l’homme et son environnement »
Le matériau terre : Aperçu sur le patrimoine bâti d’Algérie
Article de Malki Karima et Benmadani Reda
Benmadani_reda@yahoo.fr
 L’Algérie, pays d’Afrique du nord regorge de richesses patrimoniales très éclectiques de part son histoire et sa superficie. Riche et diversifié, ce patrimoine suscite une grande fascination. Qu’il s’agisse des KSOUR du désert, des anciennes médinas, des villages traditionnels ou de petites plaines agricoles ou de la bande côtière; tous sont le reflet de l’identité du pays et le témoin du savoir-faire hérité des anciens. Dans cette diversité patrimoniale, notre préoccupation sera orientée essentiellement vers le patrimoine bâti en terre, cas de la Kabylie. Le bâti traditionnel est un patrimoine complexe qui reflète les besoins pour lesquels il a été construit et il se transforme au fur et a mesure des nouvelles exigences.
L’architecture un art qui véhicule l’identité des peuples et nations, l’architecture et un miroir de la culture et du patrimoine. Le patrimoine est un legs des ancêtres, un legs à préserver et à entretenir. Nos ancêtres les Amazighs Kabyles ont légué, TAZEQA, la maison kabyle traditionnelle, une maison de paysans paisibles vivant en harmonie avec la nature. Bien qu’elle n’ait pas le confort d’une habitation moderne, elle est la preuve du génie créatif de nos ancêtres.
L’architecture traditionnelle Kabyle est le résultat de l’incroyable alliance entre l’homme et son environnement. Cette dernière répond aux exigences de l’homme qui l’habite, à son mode de vie, à son mode socio-économique et socioculturel, tout en respectant l’environnement, caractérisé par un climat rude de montagne. Cette architecture traditionnelle Kabyle représente un patrimoine d’une inestimable valeur à préserver, aujourd’hui pour les générations de demain.
L’architecture de terre dans le Sud de l’Algérie
La construction en terre fait partie de notre patrimoine. 15 % des sites classés par « L’UNESCO » (patrimoine culturel mondial) sont construits avec de la terre et 40% de la population mondiale vit dans des logements construits en terre selon les statistiques du « CNUEH ». Mais malgré son universalité incontestable, le matériau s’est retrouvé en marge du processus du progrès. Subissant un déclin lié au développement technologique, il véhicule aussi, pour des raisons psychologiques ou sociales, l’image du sous-développement et de la pauvreté.
Aujourd’hui, la terre  est un matériau totalement en phase avec les préoccupations environnementales, il jouit d’un regain d’intérêt, tant sur le plan recherche que pratique. Abandonné par le développement technologique, il est aujourd’hui aussi un matériau d’avenir.
La terre comme matériau de construction a été largement utilisé en Algérie dans l’habitat traditionnel. Divers régions du pays en témoignent encore de l’utilisation séculaire de ce matériau sous diverses techniques de construction. Les ksour du sud, que ce soit ceux de la Saoura, du Touat, de Gourara ou de l’Ahaggar recèlent un patrimoine très riche de  construction en terre.
La brique en terre  séchée au soleil était le matériau le plus répandu dans ses régions du sud algérien, car il est bien adapté à la construction en climat aride.
Souvent associée à la pierre, la terre est aussi utilisée comme matériau dans l’habitat traditionnel dans les régions nord du pays comme en Kabylie, dans les Aurès ou dans les hauts plateaux. Disponible localement, techniques de construction maitrisées, c’était le matériau« idéal ». Le développement industriel qu’a connu le pays n’a pas épargné le secteur des matériaux de construction. La terre ne semble plus d’actualité dans notre société actuelle.

Figure  01 : schéma de ksar dans la vallée d’Adrar (source Benmadani Reda 2016)
L’architecture de terre dans le Nord de  l’Algérie cas du  patrimoine kabyle
Le patrimoine architectural de Kabylie est le produit d’une culture et de valeurs morales ancestrales inhérentes à la société kabyle. Sa préservation permettra de mieux comprendre le mode de vie de cette société, son savoir faire ainsi que sa grande capacité de s’adapter a l’environnement. La topographie du site en montagne a fortement dicté l’implantation de villages en Kabylie, construits pour la plupart sur les crêtes et les versants des montagnes en parfaite harmonie avec leur environnement. Ils abritent des maisons de formes architecturales élémentaires, dont l’aménagement intérieur fait apparaître des espaces de vie et d’activités ; on peut aussi observer une mitoyenneté entre habitants et animaux.
Certaines maisons en pierres ou en pisé, matériaux disponibles dans l’environnement immédiat, sont recouvertes de toitures à deux pans constituées de charpentes en bois et de tuiles rouges ; et d’autres terrasses en terres crues. Il arrive parfois que ces deux types de couvertures coexistent dans un même village. Maison avec cour, généralement basses et accolés les unes aux autres, elles sont desservies par des chemins plus au moins escarpés qui se terminent le plus souvent en impasses. De ce groupement de maisons on dégage un sentiment de solidarité entres habitants.
La pierre, la terre et le bois sont les principaux matériaux de constructions de ces maisons. Néanmoins, dans certains villages, la pierre reste la composante de base, mais il existe des villages en pisé.

Figure  02 : entrée d’un vieux village kabyle construit en terre et pierre (source Malki Karima ; village AITH EL KAID 2016)
Description de la maison kabyle traditionnelle :
La maison kabyle traditionnelle, une maison de paysans paisibles qui vivent en harmonie avec la nature. Bien qu’elle n’ait pas le confort d’une habitation moderne, elle est la preuve du génie créatif de mes ancêtres. Cette dernière, dite (tazeqa), est le résultat de l’incroyable alliance entre l’homme et son environnement (La maison kabyle de par sa forme remplit des fonctions utilitaires et sécuritaires.
Elle répond aux exigences de l’homme qui l’habite, à son mode de vie, à son mode socio-économique et socioculturel, tout en respectant L’environnement, caractérisé par un climat rude de montagne. Cette architecture traditionnelle Kabyle représente un patrimoine d.une inestimable valeur à préserver, aujourd.hui pour les générations de demain, (La maison du montagnard de Kabylie telle qu’héritée des aïeux est, de nos jours, une curiosité touristique un objet d’étude pour les architectes, les sociologues et les anthropologues sociaux)

Figure 03 : plan type d’une maison kabyle (source : relevé par l’auteur)

Figure 04 : plan et coupe (source : reda benmadani 2016 )
Traduction des noms kabyles :
TAZEQA = salle commune
TAARICHT = sous-pente
AFRAG= cour
TAGHURFETS TAXXAMT = chambre
ADAYNINE = étable

Figure 05 : maison traditionnelle kabyle (source : Malki Karima, village AIT EL KAID wilaya de  TIZI OUZOU 2016)
Les procédés constructifs : 
Pisé : 
Fondation :
Un ouvrage de terrassement en recherche du bon sol est un préalable nécessaire à la construction des murs en pisé. La fouille creusée dans le sol reçoit ensuite la fondation constituée de pierres. Outre sa fonction structurelle d’assise et de répartition des charges, cette fondation permet de protéger la base des murs en terre banchée contre les eaux de ruissellement et d’infiltration, en limitant notamment les remontées capillaires.
Dans certains cas, la première assise du pisé est mise hors eau grâce à un soubassement constitué par une surélévation de la fondation en pierre hors du sol. Ce dispositif permet de protéger la base du mur en pisé contre le rejaillissement des eaux de pluie.
Mur :
La construction du mur a lieu à la belle saison, de mai jusqu’en octobre. Il faut impérativement conjuguer l’absence de pluies et le soleil pour sécher la terre. Un maçon qualifié, aidé de deux manœuvres, qui lui tendent le pisé  et le secondent dans le montage du coffrage, sont chargés de le réaliser.
L’adobe :
Les techniques de construction utilisant l’adobe comme principal matériau ont donné lieu à plusieurs recherches dans différents pays. Les normes de construction de certains États incluent un modèle de maison en adobe possédant des mécanismes antisismiques qui ont fait leurs preuves. L’adobe présente des avantages importants par rapport aux matériaux industriels. Il possède la capacité de régulariser l’humidité de l’air, d’emmagasiner la chaleur, de réduire la consommation d’énergie, de ne produire virtuellement aucune pollution, d’être réutilisable à 100 %, et de préserver le bois et les autres matériaux organiques tout en absorbant les polluants présents dans l’air intérieur des maisons.

Figure  08 : brique d’adobe et son moule (source Malki Karima, TIZI OUZOU 2016)
Façonnage des briques  d’adobe :
En Kabylie la fabrication des briques d’adobe se fait de manière artisanale, en plusieurs étapes:
Le choix de la saison est dicté par l’opération de séchage c’est-à-dire la période de plein soleil la fin du printemps. La saison du printemps est la saison de la fabrication des briques d’adobe
Les étapes de la fabrication sont les suivantes :
Le choix de la terre argileuse, on la nettoie des impuretés ;
Une fois la terre battue et remuée on passe au malaxage avec les pieds ;
Lors du malaxe on rajoute de la paille des gravillons de sables et des petits débris de roche pour minimiser le retrait lors du séchage ;
La fermentation : on laisse  le mélange fermenter pendant 24 heures augmenter l’imperméabilité ;
Le moulage : à l’aide d’un moule en bois en façonne les briques de terre ;
Le séchage : les briques sont séchées  au soleil pendant  10 à 15 jours.
Après cette phase on passe au pétrissage avec les pieds. On rajoute de l’eau petit à petit pour avoir une bonne consistance  et on laisse reposer le mélange

Figure  09 : brique d’adobe et son moule (source Malki Karima, TIZI OUZOU 2016)
Le moulage se fait à l’extérieur sur un terrain  plat  bien ensoleillé. On démoule, sur place, pour mettre les briques d’adobe juste à coté à sécher au soleil. Dans notre figure on a utilisé de la chaux pour faciliter le démoulage mais traditionnellement  on utilise du sable fin. 
Etapes de construction  d’un mur en adobe :
On creuse les fondations de la largeur du mur 50 à 80 cm et de profondeur de 75 à 150 cm ;
Remplissage des fondations avec des moellons de pierre jointés avec un mortier de terre argileuse. Sur cette assise de pierres, le maçon, aidé de ses manœuvres, avec ses outils fil à plomb,  règle truelle, il pose les briques d’adobe dont le mortier de jointement et un mélange de terre de sable et  de paille.
Le séchage : le mur sèche pendant 15 jours.
Revêtement : le mur reçoit un enduit fait d’un mélange de terre glaise paille finement hachée  et de la bouse de vache dont la fonction est de rendre imperméable le mur.  Les formats des adobes sont différents. Ils ne sont pas standardisés. Cela diffère d’une région à une autre d’un village à un autre. Tout dépend des dimensions des planches en bois qui entrent dans la confection du moule. 
Conclusion :
Après ce bref aperçu, à la lumière de cette écrit, nous sommes enthousiasmé de dire que l’Algérie possède un patrimoine bâti en terre très riche et diversifié.
Il serait important de se pencher sur sa préservation par des méthodes et des stratégies scientifiques mais hélas qui sont d’un manque flagrant dans ce pays du Maghreb.
C’est pour cela, pour nous, comme étant des universitaires, il est de notre devoir d’agir et de travailler sous l’égide des organismes mondiaux tel que l’UNESCO, afin d’arriver à préserver, valoriser et vulgariser cet immense patrimoine qu’est le bâti en terre, qui n’appartient pas seulement à l’Algérie mais à l’humanité toute entière.
Bibliographie :

  1. GENEVOIS ; LA MAISON KABYLE; description par texte kabyle traduit;

Vocabulaire; annexes folkloriques.
ALILI Sonia, mémoire de magistère : « guide technique pour une opération de réhabilitation
du patrimoine architectural villageois de Kabylie » Université Mouloud Mammeri, 2013.
BALLOUL Nadia, mémoire de magistère : « conservation et valorisation de
L’architecture en terre des Ksours de Touat .Gourara », Université Mouloud Mammeri, 2008.
BEN MADANI REDA. Mémoire de master 2 <<Village Touristique a Azeffoun
Promouvoir l’architecture de Terre >> Université Mouloud Mammeri Tizi-Ouzou Algérie. 2016
Photographie MALKI KARIMA. Master en anthropologie sociale et culturelle.
Dessin BENMADANI REDA architecte.
Documentation web :
http://www.meda-corpus.net
 
 

Par La rédaction de Tiwizi info

60 milliards de m3 d'eau sous le Djurdjura selon le Pr Abdelkader Saadallah

Abdelkader Saâdallah, docteur en géosciences, est président de Gass (GeoAfricaSciences Society. Il est la référence mondiale dans sa spécialité. Depuis plusieurs années, ce chercheur émérite n’a pas cessé de lancer des appels pour l’exploration d’autres alternatives dans la recherche de l’eau potable. Son œuvre est d’une richesse inestimable. La Kabylie est l’une des régions privilégiées de ses recherches qui ont d’ailleurs fini par confirmer l’existence d’un gigantesque réservoir d’eau. Lui, il l’estime à, au moins, 60 milliards de mètres cubes. Beaucoup de questions entourent ce trésor caché du Djurdjura. Une grande partie des populations ne sait pas si 60 milliards de m3 sont une quantité énorme ou grande ou petite. Une autre partie doute de l’existence de ce grand réservoir. D’autres voix se disent inquiètes de l’impact géologique et climatique que peut générer l’exploitation de ce gisement souterrain. Pour éclairer les lecteurs de L’Expression sur ce sujet qui s’impose de plus en plus et à mesure que l’eau se fait rare avec le réchauffement climatique, Abdelkader Saâdallah a aimablement accepté de répondre à nos interrogations et nous servir de guide pour l’exploration de ce fabuleux trésor de la Kabylie qui s’étend des cimes de Chellata, du côté de Béjaïa, descendant jusqu’aux gorges de Lakhdaria du côté de Bouira. Suivons ses pas jusqu’aux cimes du Djurdjura.
L’Expression: Le sujet intéresse au plus haut degré, les spécialistes, les pouvoirs publics, mais surtout les populations. Pouvez-vous, Monsieur Saâdallah, situer et présenter ce gisement de 60 milliards de m3 dans un langage moins académique et moins spécialisé pour le rendre accessible surtout aux populations?
Abdelkader Saâdallah: Un grand merci au journal L’Expression pour me donner l’opportunité de présenter ce gigantesque réservoir d’eau du Djurdjura. Ce gisement est en premier lieu un réservoir, avec une forme, une géométrie à voir dans l’espace. Un volume rocheux qui apparaît à la surface du sol, formant les hauteurs de la montagne du Djurdjura, et qui se continue en profondeur dans cette même montagne. Ce sont les études spécialisées en géosciences, les études structurales, que j’ai menées durant les années 1980 et au début des années 1990 qui m’ont permis d’en déduire cette structure. C’est d’abord la structure en éventail, dite en anglais flower structure, une structure affleurante exceptionnelle et rare dans le monde, que j’ai publiée dans une revue internationale spécialisée en géosciences en 1996 (Geodinamica Acta) que l’on peut télécharger de mon website (http://saadgeo.com/wp-content/uploads/2015/12/SaadallahEtAl1996DorsaleKab.pdf). Il faut la concevoir comme une structure allongée Est-Ouest (Fig. 1) avec une section en éventail (Fig. 2), en triangle avec la pointe vers le bas. L’axe de cette structure plonge fortement vers l’Ouest au point de la faire disparaître profondément dans le massif à partir de Haizer. Elle n’apparaît au sol qu’à partir de Haizer vers l’Est, formant tous les pics et reliefs accidentés comme Lalla Khedidja et se terminant au col de Chellata. La carte simplifiée, Fig. 1, vous aidera très certainement à comprendre cette géométrie de ce réservoir d’eau. Cette structure ne suffit pas pour en faire un réservoir de ce volume rocheux qui forme le relief et le corps du Djurdjura. D’autres conditions doivent exister: pourquoi dire réservoir? Son étanchéité, sur tous les côtés, est-elle assurée et par quoi? Est-ce qu’il est alimenté par les précipitations (pluies et neiges) qui donc le rechargerait annuellement, en partie au moins?
Pourquoi dire que c’est un réservoir?
Les roches qui forment cette structure sont en grande partie des calcaires, roches connues dans le monde comme les meilleurs réservoirs souterrains des fluides (eau, pétrole et gaz) à cause de leur fracturation, de la présence de cavernes dues à la circulation des eaux de pluie qui dissolvent les carbonates pour créer des vides dits karsts, et même des gouffres de plus de 1 km de profondeur que les spéléologues connaissent bien. Donc il y a des vides dans de telles roches, et ces vides contiennent, ou sont susceptibles de contenir, l’eau. De façon générale on estime que de telles roches ont une porosité de 33%, soit le 1/3 du volume de la roche est vide! Dans mes calculs pour estimer rapidement les réserves en eau je n’ai pris en compte qu’une porosité de 5% §!
Son étanchéité, sur tous les côtés?
Cette structure en éventail est limitée au sud par des formations rocheuses dites des turbidites, connues en Algérie depuis plus d’un siècle comme les flyschs. Elles sont riches en argiles avec une structure telle qu’elles fluent de tous les côtés colmatent tout et donc empêchent l’eau de s’échapper vers l’extérieur du réservoir. Quant au flanc nord de cette structure, ce sont les schistes satinés. Ces roches au cours de leur histoire géologique ont transité à des profondeurs, et sous l’effet de hautes pressions et fortes températures, sont constituées de minéraux minuscules comme des brins de paille au point de leur donner ce reflet de satin, d’où leur nom de schistes satinés. Ils forment, de ce fait, une barrière étanche; d’autant plus que sous les déformations importantes qu’elles ont subies, leur imperméabilité a augmenté.
En profondeur
L’étanchéité en profondeur de cette structure en éventail, qui se termine donc en pointe, ce sont les deux formations rocheuses, celle du sud c’est-à-dire les flyschs et celle du nord c’est-à-dire les schistes satinés qui de toute évidence se rencontrent et qui donc constituent ensemble l’étanchéité du tréfond du réservoir d’eau du Djurdjura. Ainsi, l’étanchéité est assurée de tous les côtés de la structure en éventail de ce réservoir du Djurdjura; du moins dans la zone où il affleure, c’est-à-dire où il est visible au sol, dans cette partie du Djurdjura allant de Haizer au col de Chellata.
Et en profondeur dans la zone où le réservoir s’enfonce?
Dans la partie allant de Haizer aux gorges de Lakhdaria (ex-Palestro) où le réservoir plonge en profondeur vers l’Ouest, l’étanchéité vers le haut de la structure en éventail existe-t-elle? Et dans le cas positif, quelle est la formation qui assure cette étanchéité du réservoir? L’histoire géologique du Djurdjura a fabriqué cette couverture étanche! Cette structure en éventail des formations calcaires a été construite il y a près de 40 millions d’années, et comme toute édification de relief il y a simultanément destruction des hauts reliefs produisant ainsi les dépôts qui font constituer de nouveaux sédiments caractéristiques que l’on dénomme les molasses. Ces dernières ont la particularité d’être riches en argiles ou en marnes. C’est le cas de la molasse des formations calcaires du Djurdjura, qui porte le nom spécifique de «L’Eocène molassique de la chaîne calcaire» chez les géoscientifiques. Sa forte constitution en argile ou en marne en fait une couverture étanche de ce réservoir immense d’eau dans sa profondeur. D’autant plus que je peux confirmer que cette structure à dominante carbonatée se continue en profondeur dans la montagne en alignement avec les hauteurs du Djurdjura et cela jusqu’à pratiquement les gorges de l’oued Isser à Lakhdaria. A cet endroit un événement tectonique par une faille a fait réapparaitre cet ensemble calcaire à partir des gorges de Lakhdaria et dans le massif de Bouzegza. Et une fois de plus on confirme l’étanchéité dans cette zone vu que l’oued Isser est parfois à sec en été, preuve qu’il ne reçoit pas d’eau du réservoir du Djurdjura. Ainsi, avec certitude je peux dire, écrire et souligner que l’étanchéité de ce réservoir immense du Djurdjura est assurée sur tous les côtés, en profondeur, et là où il affleure!
Est-ce qu’il est alimenté par les précipitations (pluies et neiges)?
Bien sûr que son alimentation est assurée par les pluies et surtout par les neiges qui assurent une infiltration lente et certaine, beaucoup plus que la pluie dont le ruissellement des eaux est des plus dominants. Le programme de recherche que nous proposons, nous c’est-à-dire GASS (http://geoafricasciences.org/), les universités de Tizi Ouzou (dpt. des sciences de la terre) et de Constantine (faculté des sciences de la Terre), et Pqwt (Institut de Recherche, exploration des eaux souterraines, Changsha, Hunan Chine) (http://www.pqwtcs.com/), le bilan de l’eau sera évalué de façon plus précise afin de cerner de près la quantité d’eau qui recharge annuellement le réservoir d’eau. Toute la région où le réservoir affleure, c’est-à-dire les hauteurs du Djurdjura.
60 milliards de m3, est-ce que c’est beaucoup d’eau, est-ce que c’est énorme? Situez-nous dans ce contexte.
Cette estimation, basée sur des calculs rapides, est certainement en deçà des réserves, c’est au programme de recherche que nous voulons faire démarrer le plus tôt possible, d’annoncer une estimation basée sur d’autres données que nous espérons recueillir au bout de 1 à 2 ans de recherche. 60 milliards de m3 c’est énorme quand on sait que le barrage de Taksebt (Tizi Ouzou) n’a jamais atteint sa capacité maximale de 180 millions de m3, et que le plus grand barrage d’Algérie a une capacité de moins de 1 milliard, et que le plus grand barrage au monde, celui des Trois-Gorges en Chine a une capacité maximale de 40 milliards de m3 et que la demande de toute la population algérienne, à 150 l d’eau potable par jour, est de 2 milliards par an.
Il faut voir ce chiffre en tenant compte des besoins grandissants en eau pour tous les besoins y compris ceux de l’agriculture et de l’industrie, besoins en constante évolution.
Pouvez-vous donner plus de précisions si le gisement peut être exploitable dans le court terme, le moyen ou le long terme?
L’exploitation de ce gisement, renouvelable en partie, est nécessaire à court terme car les besoins se font sentir en Algérie et dans les régions avoisinantes du Djurdjura de nos jours, maintenant! Cependant la gestion de cette eau doit être étudiée de façon très rigoureuse en incluant divers paramètres pour mettre en place un réseau d’alimentation interconnecté et souple incluant les sources actuelles. En tenant compte du fait que certaines sources risquent de se tarir, momentanément, surtout à la fin de l’été, avant les premières pluies d’automne. Il est aussi évident, à mon sens, d’y aller de façon graduelle en partant des forages peu productifs, mais riches en information pour caractériser plus précisément le réservoir. Dans notre programme de recherche nous retenons pour le moment qu’au terme de la première étape de recherche structurale et de détermination de la profondeur de la surface d’eau, nous proposerons un programme d’une demi-douzaine de forages peu profonds de reconnaissance.
Nous excluons de prime abord d’aller en premier lieu vers un forage de grande production qui pourrait être jaillissant et de forte pression, et donc probablement avec des risques de catastrophes.
Le sujet divise; alors qu’une partie voit ce projet avec optimisme, une autre exprime ses inquiétudes. Pouvez-vous donner quelques éléments pour rassurer?
Tout ce qui est nouveau dérange! Il vient perturber la routine sur laquelle s’installent confortablement ceux qui ne veulent rien changer. C’est le plus grand obstacle! Il faut essayer, à chaque fois que c’est possible, de réfléchir d’une autre manière. Nous sommes devant un tel cas. Depuis des siècles, en Algérie et dans le monde, on prospecte l’eau dans les bassins qui se traduisent géo-morphologiquement par des plaines, qui sont aussi le lieu de concentration des populations. Or une telle méthode, dite conventionnelle de recherche devient très coûteuse, dans le cas particulier de régions montagneuses comme celles de Kabylie, où depuis des siècles, pour des raisons historiques, la population se concentre au sommet des montagnes. Car il faut pomper l’eau sur des kilomètres et gravir des dénivelés de plusieurs centaines de mètres pour faire monter l’eau potable de la plaine du Sébaou vers des agglomérations comme celles de Ain El Hammam. Alors que la méthode non conventionnelle, beaucoup plus avantageuse, qui consiste à prospecter les eaux souterraines dans les montagnes, chercher les RESERVOIRS PERCHES, c’est-à-dire localisés dans les sommets, et donc alimenter en eau les populations en aval, uniquement par gravité, sans pompage! Cette méthode doit prévaloir! Pour être plus précis, en ne citant qu’un seul exemple, par un choix judicieux on peut alimenter toute une série de villages, devenus des villes, et des villes comme celle de Aïn El Hammam et tout le long de la ligne de crête jusqu’à Larbaâ Nath Irathen et encore plus à Tizi Ouzou, et tout cela par écoulement gravitaire le long de la pente sans aucune station de pompage!
Certains, ceux qui s’opposent, affirment que les données que vous avancez ne sont que des thèses de scientifiques. Avez-vous des preuves à opposer à ceux qui vous apportent l’antithèse?
De telles personnes oublient de se poser la question de base devant toute source d’eau: d’où provient cette eau? Or il ne s’agit pas d’une seule source, mais de centaines, voire plus dont il est question de les étudier, et toutes cernent, voire percent le Djurdjura, et pour les géoscientifiques, une seule déduction vient à l’esprit: Il y a un réservoir derrière!
Ce n’est plus une thèse de travail, c’est une réalité de terrain qu’il faut caractériser précisément de façon géoscientifique, par de nouvelles observations, mesures, déductions, pour aller vers l’exploitation rationnelle et scientifique.
Selon vous, quel impact aura l’exploitation de ce gisement du point de vue géologique, mais surtout économique?
L’impact le plus important et le plus significatif est le fait de dire qu’il faut regarder les montagnes avec un nouvel oeil! La méthodologie de recherche géoscientifique que nous développerons dans le Djurdjura sera utilisée pour aller vers d’autres régions montagneuses comme les Aurès, Zaccar, Ouarsenis et d’autres encore. Des géoscientistes dans notre équipe en formation se posent déjà la question, à juste titre. L’importance est évidente, pour tout Algérien, en Algérie ou ailleurs! L’eau c’est la vie et les besoins sont énormes que ce soit pour l’alimentation en eau potable (AEP) ou pour les besoins économiques, agricoles et industriels. Le progrès de façon générale fait que ces besoins sont en croissance continue, les Algériennes et Algériens sont loin des temps où ils se contentaient d’aller au hammam une fois par semaine, c’est la douche matinale quotidienne qui devient le mode standard. Son impact est un facteur de progrès dans son utilisation, comme AEP ou pour booster l’économie locale durable.
Vous disiez lors d’un forum sur Radio Tizi Ouzou qu’à l’avenir il faudra chercher l’eau perchée sur les hauteurs. Inhabituelle comme suggestion. Pouvez-vous développer cette nouvelle approche de la relation de l’humain avec les sources d’eau?
Oui, aller vers la découverte de réservoirs perchés, situés dans les hauteurs. Une telle méthode nécessite un investissement cérébral, des études géologiques de terrain et notamment structurales en commençant par répondre à une question relativement simple: est-ce que les conditions géologiques sont réunies pour l’existence d’un réservoir perché?
Les géoscientifiques sont présents partout dans le pays pour contribuer rapidement à répondre à cette première question, pour ensuite passer aux étapes suivantes. C’est inhabituel, non-conventionnel, car elle sort des chemins battus pendant des siècles, mais pour nous Algériens, elle est trop coûteuse, et de toute façon les réserves dans les bassins surtout côtiers, leur envahissement par des eaux salées de mer est déjà une menace réelle, suite à la surexploitation de ces nappes. Avons-nous d’autres choix? Importer l’eau?
Entretien réalisé par Kamel BOUDJADI pour l’Expression

Par La rédaction de Tiwizi info